Elegie d'amour, et de la Sidere de Jean Brinon

Du vieil Tithon la vermeille Compaigne
Epanissoit les fleurs de la campaigne,
Et les oiseaux degoisans dans les boys
Ses clairs rayons bienveignoient de leurs voix,
Lors que songeant à ma Nymphe divine,
Et aux tourmentz que l'Enfant d'Erycine
Me faict souffrir, doublement doulereux,
Je m'écartay dans un boys planteureux
De Myrtes bruns, où d'une bouche amere
Je deplorois et l'Enfant et la Mere,
Par lesquelz, las! un soing entenaillé
M'a tant de fois malement travaillé,
D'un noir ennuy me contraignant repaistre.

Souvenir

Son image, comme un songe,
Partout s'attache à mon sort;
Dans l'eau pure où je me plonge
Elle me poursuit encor:
Je me livre en vain, tremblante,
À sa mobile fraîcheur,
L'image toujours brûlante
Se sauve au fond de mon cœur.

Pour respirer de ses charmes
Si je regarde les cieux,
Entre le ciel et mes larmes,
Elle voltige à mes yeux,
Plus tendre que le perfide,
Dont le volage désir
Fuit comme le flot limpide
Que ma main n'a pu saisir.

Maria, muter, reyne maget

Maria, mvter, reyne maget,
Der werlde trosterynne,
Jrwende, vrouwe, myn vngemach
Durch al die güte dyn.
Ich habe die svnde vil getaget,
Nv troste myne synne
Vnde gib mich ruwe vberdach,
Wend ich vil svndich byn.
Sit tü vrouwe aller engele bist,
So irbarme dich vnde gib myr vrist,
Vnz ich kegen dinen svn ghedynge.
Ich han daz ofte wol gehort,
Swer dich eret vnde dyne bort,
Daz ym ouch nymmer misselinge.
Han ich des, vrouwe, nicht getan,
Daz mvet mich vil sere
Vnde ist myr ynnichliche leit.

Li Polli de li Vitturali

Lo sapémo che ttutti sti carretti
De gabbie de galline e cceste d'ova
Viengheno da la Marca: ma a cche gglova
De sapello a nnoantri poveretti?

Pe nnoantri la grasscia nun ze trova.
Le nostre nun zò bbocche da guazzetti.
Noi un tozzo de pane, quattr' ajjetti,
E ssempre fame vecchia e ffame nova.

Preti, frati, puttane, cardinali,
Monziggnori, impiegati e bbagarini:
Ecco la ggente che ppò ffà li ssciali.

Perché ste sette sorte d'assassini,
Come noantri fussimo animali,
Nun ce fanno mai véde li quadrini.

Sopra Lo Stesso Soggetto

Il Papa non fa altro che mangiare,
Il Papa non fa altro che dormire:
Quest' è quel che si dice e si può dire
A chi del Papa viene a dimandare.
Ha buon occhio, buon viso, buon parlare,
Bella lingua, buon sputo, buon tossire:
Questi son segni ch' e' non vuol morire;
Ma e' medici lo voglion ammazzare.
Perchè non ci sarebbe il loro onore,
S' egli uscisse lor vivo delle mani,
Avendo detto: Gli è spacciato, e' muore.
Trovan cose terribil, casi strani:
Egli ebbe 'l parocismo alle due ore,

Moine Féodal

D'autres, fils de barons et de princes royaux,
Gardent, amples et clairs, leurs orgueils féodaux.

On les établit chefs de larges monastères
Et leur nom resplendit dans les gloires austères;

Ils ont, comme jadis l'aïeul avait sa tour,
Leur cloître pour manour et leurs moines pour cour:

Ils s'asseoient dans les plis cassés droit de leurs bures,
Tels que des chevaliers dans l'acier des armures;

Ils portent devant eux leur grande crosse en buis,
Majestueusement, comme un glaive conquis;

Cheval, Le

Je l'avais saisi par la bride;
Je tirais, les poings dans les nœuds,
Ayant dans les sourcils la ride
De cet effort vertigineux.

C'était le grand cheval de gloire,
Né de la mer comme Astarté,
A qui l'aurore donne à boire
Dans les urnes de la clarté;

L'alérion aux bonds sublimes,
Qui se cabre, immense, indompté,
Plein du hennissement des cimes,
Dans la bleue immortalité.

Tout génie, élevant sa coupe,
Dressant sa torche, au fond des cieux,
Superbe, a passé sur la croupe
De ce monstre mystérieux.

Sonnet 7

Avec ce siècle infâme il est temps que l'on rompe;
Car à son front damné le doigt fatal a mis
Comme aux portes d'enfer: Plus d'espérance!—Amis,
Ennemis, peuples, rois, tout nous joue et nous trompe.

Un budget éléphant boit notre or par sa trompe.
Dans leurs trônes d'hier encor mal affermis,
De leurs aînés déchus ils gardent tout, hormis
La main prompte à s'ouvrir, et la royale pompe.

Cependant en juillet, sous le ciel indigo,
Sur les pavés mouvants ils ont fait des promesses
Autant que Charles dix avait ouï de messes!

Fleurs de Séléné

E LLES ont des cheveux pâles comme la lune,
Et leurs yeux sans amour s'ouvrent pâles et bleus,
Leurs yeux que la couleur de l'aurore importune.
Elles ont des regards pâles comme la lune,
Qui semblent refléter les astres nébuleux.
Leurs paupières d'argent, qu'un baiser importune,
Recèlent des rayons langoureusement bleus.

Elles viennent charmer leur âme solitaire
De l'ensorcellement des sombres chastetés,
De l'haleine des cieux, des souffles de la terre.
Nul parfum n'a troublé leur âme solitaire.

Aurore vengeresse, L'

L' AUBE , dont le glaive reluit,
Venge, comme une blanche Electre,
La fièvreuse aux regards de spectre,
Dupe et victime de la nuit…

Vers l'horreur des étoiles noires
Montent les funèbres accords…
Sur la rigidité des morts
Veillent les lys expiatoires.

L'ombre aux métalliques reflets
Engourdit les marais d'eau brune,
Et voici que s'éteint la lune
Dans le rire des feux follets.

Ta chevelure est une pluie
D'or et de parfums sur mes mains.
Tu m'entraînes par les chemins
Où la perversité s'ennuie.

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