T OUS deux ont noblement chante, mais vers Corinne
Se portent tout l'eclat et l'hommage des yeux;
Elle a fait murmurer et sangloter le mieux
La lyre, et l'Hellas devant elle s'incline.
Et des vierges ont mis a sa tempe
L'orgueil des lauriers, les feuillages du symbole;
Ses levres ont garde le pli de la parole
O u le rythme savant eclate avec splendeur.
Corinne a triomphe, car la gloire ancienne
Des chanteurs refleurit au printemps de son front,
On la nomme divine et la foule repond
Par un elan d'amour vers la Musicienne.
Des roses et des lys, et des roses encor
S'effeuillent en parfum a ses pieds que l'on baise.
Elle ne sourit plus, son regard qui s'apaise
Semble celui d'un aigle arrêtant son essor.
A celui que son ode a frappe de silence
Elle va lentement, sans joie et sans orgueil,
Puis eleve la voix, et des accents de deuil
Trainent obscurement dans l'or de sa cadence.
Elle dit: «O Pindare! o frere! n'est-ce pas
«Que les lauriers sont lourds sur le front d'un poete,
«Et que le doute en nous tressaille et s'inquiete
┬½De les ceindre avant la majeste du trepas? —
«Jadis, la nymphe aux yeux pareils a la rosee
«Fuyait devant le Dieu des chants et du soleil,
«Lui, saisissant enfin les cheveux de vermeil,
«Ne garda plus aux doigts qu'une tige brisee.
«Et l'Immortel, pleurant son Immortalite,
«Fut ta proie, o Desir qui toujours te refuses!
«En cueillant le laurier des Heros et des Muses
«Apollon l'a maudit pour sa sterilite.
«Depuis lors, les amants de l'alme poesie
«Sont brales d'un souci plus amer que la mort
┬½La forme de leur rêve echappe a leur effort,
«Fugitive eternelle aux levres d'ambroisie.
«Ils y laissent leur vie et leurs caeurs tout entiers
«Et s'attristent souvent aux heures de victoire
«La Deesse les fuit, en leur laissant la gloire...
«Et leurs pleurs ont coule sur les pâles lauriers!»
Se portent tout l'eclat et l'hommage des yeux;
Elle a fait murmurer et sangloter le mieux
La lyre, et l'Hellas devant elle s'incline.
Et des vierges ont mis a sa tempe
L'orgueil des lauriers, les feuillages du symbole;
Ses levres ont garde le pli de la parole
O u le rythme savant eclate avec splendeur.
Corinne a triomphe, car la gloire ancienne
Des chanteurs refleurit au printemps de son front,
On la nomme divine et la foule repond
Par un elan d'amour vers la Musicienne.
Des roses et des lys, et des roses encor
S'effeuillent en parfum a ses pieds que l'on baise.
Elle ne sourit plus, son regard qui s'apaise
Semble celui d'un aigle arrêtant son essor.
A celui que son ode a frappe de silence
Elle va lentement, sans joie et sans orgueil,
Puis eleve la voix, et des accents de deuil
Trainent obscurement dans l'or de sa cadence.
Elle dit: «O Pindare! o frere! n'est-ce pas
«Que les lauriers sont lourds sur le front d'un poete,
«Et que le doute en nous tressaille et s'inquiete
┬½De les ceindre avant la majeste du trepas? —
«Jadis, la nymphe aux yeux pareils a la rosee
«Fuyait devant le Dieu des chants et du soleil,
«Lui, saisissant enfin les cheveux de vermeil,
«Ne garda plus aux doigts qu'une tige brisee.
«Et l'Immortel, pleurant son Immortalite,
«Fut ta proie, o Desir qui toujours te refuses!
«En cueillant le laurier des Heros et des Muses
«Apollon l'a maudit pour sa sterilite.
«Depuis lors, les amants de l'alme poesie
«Sont brales d'un souci plus amer que la mort
┬½La forme de leur rêve echappe a leur effort,
«Fugitive eternelle aux levres d'ambroisie.
«Ils y laissent leur vie et leurs caeurs tout entiers
«Et s'attristent souvent aux heures de victoire
«La Deesse les fuit, en leur laissant la gloire...
«Et leurs pleurs ont coule sur les pâles lauriers!»