A Jean Aicard

D'un poète sans voix, accepte aussi l'hommage :
Deux heures tu m'as bercé de ton divin langage,
Deux heures, en t'écoutant, poète, j'ai rêvé,
Des jours lointains pour moi, de Miette et Noré.

Pour ces rayons perdus, pour ces heures chéries,
Que ta voix, un instant, fit sortir du néant,
Pour tes chansons si belles et pour tes mélodies,
Sois béni mille fois, ô poète charmant !

Mieux que le rossignol à sa compagne aimée
Tu chantas du Très-Haut les bienfaits infinis :
En toutes les saisons éclosent tes pensées…
Son aurore n'a qu'un temps et son chant qu'un seul


J'aime comme « tes enfants » les bleuets et la rose
Le ruisseau qui serpente au fond du frais vallon,
Tout ce qui vit, qui chante, qui ose,
Les baisers du zéphir, les coups de l'aquilon.

Je connais des forêts, les senteurs pénétrantes,
Le nom de tous les nids qu'abritent ses rameaux,
Du printemps parfumé les brises enivrantes,
Des rayons du soleil, les effets les plus beaux !

J'aime des doux enfants, les voix fraîches, perlées,
Le regard si profond de leurs beaux yeux si purs,
Leur grande bonne foi et ces larmes versées
Que sèche un chant d'oiseau, qu'essuie un ciel d'azur.

Mais j'aime surtout, ô poète,
Ta voix qui berce comme un chant,
Ta voix qui tout haut répète,
Ce que mon cœur, tout bas, comprend.

Neuchâtel Mars 79.

Mon nom ? Qu'importe,
J'ai petit lignage.
Hélas ! et je porte
Trente ans, d'âge,

L'âge où l'homme déploie
Ses ailes pour voler ;
Où la femme reploie
Les siennes, pour pleurer.


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