Cinq Mai, Le

Des Espagnols m'ont pris sur leur navire,
Aux bords lointains où tristement j'errais.
Humbles débris d'un héroïque empire,
J'avais dans l'Inde exilé mes regrets.
Mais loin du cap, après cinq ans d'absence,
Sous le soleil, je vogue plus joyeux.
Pauvre soldat, je reverrai la France:
La main d'un fils me fermera les yeux.

Dieux! le pilote a crié: Sainte-Hélène!
Et voilà donc où languit le héros!
Bons Espagnols, là s'éteint votre haine;
Nous maudissons ses fers et ses bourreaux.
Je ne puis rien, rien pour sa délivrance;

Maitre d'École, Le

Ah! le mauvais garnement!
Sans respect il sort des bornes.
Je n'ai dormi qu'un moment,
Et voilà son rudiment.
Zon, zon, zon, zon, zon, zon, zon!
Le coquin m'en fait des cornes.
Zon, zon, zon, zon, zon, zon, zon!
Le fouet, petit polisson!

Il a fait pis que cela
Pour m'échauffer les oreilles:
L'autre jour il me vola
Du vin que je cachais là.
Zon, zon, zon, zon, zon, zon, zon!
Il m'en a bu deux bouteilles.
Zon, zon, zon, zon, zon, zon, zon!
Le fouet, petit polisson!

Chez elle, quand le matin

Interprétation d'un Songe islandais

Dans cette nuit qui fut autrefois la mémoire,
Un songe m'est venu du fond de la nuit noire.

Et j'interprète ainsi le songe de mes yeux:
Que le grand mal soit pis! car ce sera le mieux!

Plus le mal sera grand et plus grande la joie
Qui s'illumine alors et rayonne et flamboie!

Plus s'exaspérera mon horreur de la nuit
Et du front qui se ride et de l'heure qui fuit,

Plus je découvrirai l'amour des choses saintes,
Des chapelles où les lumières sont éteintes,

Plus s'exaspérera cet amour du divin

Tot So Qe-Is Pert Pels Truans Amadors

Tot so qe-is pert pels truans amadors,
car m'a trobat franc e d'umil parvensa,
torna de mi ab sobramar Amors,
c'aora-m fai sobramar ab temensa
tal cui non platz—Doncs, am eu follamen ?
—Non fatz, per que la foudatz tenc a sen,
qe d'Amor taing qe lai o-il plaira venssa,
e qe sia sens e plazers e gratz
so q'a sazos par en autre foudatz.

Ab aital geing n'a hom maint bel socors,
mas jes en mi, qand be n'ai sovinenssa,
no-m par sia mas destrics e follors
d'amar celieis ou non trop mantenenssa…

Voici mon Mal

Parmi mes lys fanés je songe que c'est toi
Qui me fis le plus grand chagrin d'amour, Venise!
Tu m'as trahie autant qu'une femme et conquise
En me prenant ma force, et mon rêve et ma foi.

… Je ne cherche plus rien dans Venis: l'ivresse
Des beaux palais n'est plus en moi; le chant banal
Des gondoliers me fait haïr le Grand Canal,
Et je n'espère plus aimer la Dogaresse.

Voici mon mal: il est négligeable et profond.
Rendue indifférente à la beauté que j'aime,
J'erre, portant le deuil éternel de moi-même,

Jardin matinal, Le

Viens , les heures d'amour sont furtives et rares…
Le jardin matinal est plein d'oiseaux bizarres.

Chère, je te convie à ce royal festin.
Je ne veux pas jouir seule de ce matin.

L'aube heurte le ciel comme une porte close.
Viens boire la rosée au cœur blond de la rose.

Bois la rosée ainsi qu'une fraîche liqueur.
Mon cœur est une rose et je t'offre mon cœur…

L'aube a des tons de nacre et des reflets de perle.
La joie est simple et rien n'est aussi beau qu'un merle.

Oh! les flots empourprés que frappent les rameurs

Oh ! les flots empourprés que frappent les rameurs,
Et la Mort qui grimace à travers les murailles!
Pourquoi, Myrtis, jeter les sanglantes clameurs
Des buccins dominant le fracas des batailles?

La gloire est un flambeau que le silence éteint.
O Myrtis, la victoire est une courtisane,
Et celui qui la frappe est celui qui l'étreint.
Le sage a le dégoût de son baiser profane.

Chante le soir, l'ampleur des collines et l'air
Pacifique, le temple où pâlit la pensée,
Et le flot qui frémit, plus troublant que la chair…

Chanson

Le soir verse les demi-teintes
Et favorise les hymens
Des véroniques, des jacinthes,
Des iris et des cyclamens.

Charmant mes gravités meurtries
De tes baisers légers et froids,
Tu mêles à mes rêveries
L'effleurement blanc de tes doigts.

Quant Theseus, Herculès et Jason

Quant Theseus, Herculès et Jason
Cercherent tout, et terre et mer parfonde,
Pour acroistre leur pris et leur renom
Et pour veoir bien tout l'estat dou monde,
Moult furent dignes d'onnour.
Mais quant voy de biauté l'umble flour,
Assevis sui de tout, si que, par m'ame,
Je voy assez, puis que je voy ma dame.

Car en veant sa biauté, sa façon
Et son maintieng qui de douceur seuronde,
J'y preng assez bien pour devenir bon,
Car le grant bien de li en moy redonde
Par grace de fine amour
Qui me contraint a haïr deshonnour

Vez ci les biens

Son gent corps fait à tour
Et son faitis atour,
Son regart sans folour
M'ont et toute m'amour.
Et sa fresche coulour,
Qui passe en douce odour
Rose et lis en blanchour,
Fruit, grainne et toute flour,
Quant elle est en verdour,
Fait que toudis m'atour
D'estre liez sans irour,
Pour ce que siens demour.
Et sa fine douçour
Adoucist ma dolour,
Amenrist mon labour,
Efface ma tristour
Et fait tarir mon plour,
Se je souspir ou plour
Pour s'amour en destour
Où souvent me destour,

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